Discours Michel sapin 5 mars 2001
Message de M. Michel SAPIN,
ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
La MTIC et l'AFUL organisent aujourd'hui, au lendemain de la fête de l'Internet, la première journée du libre dans l'administration. Il était bien naturel que le conseil économique et social, lieu de concertation entre les différents acteurs de la société, accueille un séminaire associant l'administration, une association citoyenne et les acteurs industriels concernés sur ce thème des logiciels libres. Je crois sincèrement que ce type de rencontres, cette mise en commun des efforts, est absolument nécessaire pour progresser dans la mise des outils de la société de l'information au service des citoyens et des agents publics.
N'ayant pu être présent parmi vous aujourd'hui, je confie le soin de vous transmettre ce message au chef de la MTIC, M. Jean-Pierre DARDAYROL.
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Les partenariats entre l'AFUL et l'administration pour faire mieux connaître les outils libres ne sont pas une nouveauté : dès octobre 1998, un partenariat avait été signé avec le ministère de l'Education nationale et une première rencontre autour du logiciel libre avait permis, en 1999, la création d'une foire aux questions consacrée à ce sujet sur le site de la MTIC. Je me réjouis de voir ce partenariat connaître un nouveau temps fort aujourd'hui.
Les logiciels libres ont fait, depuis deux ans, une irruption remarquable et remarquée au sein des systèmes d'information des ministères et des établissements publics. On les trouve ainsi, à des degrés divers, au ministère de la culture, au ministère de la défense, à l'éducation nationale (au sein de l'administration centrale comme dans les établissements d'enseignement), à la recherche, à la direction générale des douanes et des droits indirects, à la direction générale des impôts, au casier judiciaire national, au conseil général des mines ou à la MTIC.
Nous assistons aujourd'hui à une transformation de l'informatique, qui est de plus en plus centrée autour d'internet et des réseaux de données. Les services publics doivent s'adapter, comme tous les utilisateurs de ces technologies, pour tirer le meilleur parti de ces outils et mieux satisfaire les usagers, faciliter le travail des agents et améliorer l'efficacité globale des services.
Or nul ne sait aujourd'hui quels seront les outils efficaces demain. Pour se prémunir contre toute erreur, la complexité des systèmes d'information publics, leur étendue, imposent le respect de standards ouverts, qui assurent de leur bonne intégration et de leur pérennité. Plus que leur gratuité à l'acquisition, c'est bien ce respect des standards ouverts, offert par construction par les logiciels libres, qui motive leur utilisation par les administrations.
Quand ils sont disponibles et efficaces, là où ils présentent toutes les garanties de service nécessaires à un coût équivalent, les outils libres me semblent donc devoir être préférés aux solutions propriétaires, sans esprit de contrainte, mais dans le cadre d'une politique de respect des standards ouverts et de développement de l'administration électronique.
A cette fin, la part du fonds interministériel de modernisation (FIM) consacrée à la mise en uvre d'outils libres au sein des administrations sera portée de 10% en 2000 à un tiers en 2001, soit environ 7 millions de francs - si la qualité et le nombre des projets déposés le permettent, ce dont je ne doute pas, grâce à votre dynamisme.
Je veux saluer pour conclure ce qui constitue finalement, de mon point de vue, l'apport le plus important de la communauté du libre à notre société. Il s'agit de la démonstration, faite chaque jour par le développement d'outils comme Apache, Zope ou Linux, de la force et de l'efficacité du modèle de développement coopératif qui est le propre des logiciels libres. On reproche souvent à l'administration sa pesanteur, son opacité. La réforme de l'Etat passe aujourd'hui par la transparence accrue des processus administratifs, par une meilleure coopération au sein des administrations et par une concertation renouvelée avec les usagers. La modernisation des administrations nécessite la mutualisation des expériences et la transparence dans les choix. Autant d'exigences que les développeurs de logiciels libres connaissent et mettent en pratique quotidiennement.
C'est pourquoi j'ai voulu vous transmettre aujourd'hui ce message d'encouragement.
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Je souhaite que vos débats soient fructueux, qu'ils débouchent pour chacun sur des projets innovants qui, au-delà de l'utilisation d'outils libres, reflètent les valeurs de l'informatique libre et contribuent à transformer nos modes de travail, à nous rendre plus autonomes et plus responsables.